INÉGALITÉS SOCIALES >

Contexte

La France fait partie des pays au monde qui présente les meilleurs indicateurs globaux de santé, mais c’est aussi celui qui présente en Europe l’un des plus forts gradient social de mortalité prématurée. Le cancer est l’une des pathologies qui participe le plus à ce gradient.

Les inégalités sociales de mortalité par cancer sont souvent perçues par la population et les décideurs comme des inégalités concernant le risque de cancer (expositions professionnelles, mode de vie (alcool, tabac, alimentation, exercice physique, …etc.). Celles-ci varient fortement, quantitativement et qualitativement, d’une localisation à une autre. Les moyens d’actions pour réduire les inégalités sociales de risque de cancer renvoient à la prévention et à la promotion de la santé.

Un autre type de mécanismes qui contribuent de manière très importante aux inégalités sociales est souvent oublié, ceux qui font que la survie d’une personne atteinte de cancer dépend très fortement de son environnement socio-économique. Cette fois, quelque soit la localisation concernée, la survie est toujours la plus sombre dans les catégories sociales défavorisées, l’ampleur de différences étant parfois très importante.

Au-delà du constat, l’objectif général des travaux actuels de l’équipe sur le sujet est d’identifier les mécanismes à l’origine des inégalités sociales en cancérologie et de proposer des actions pour les réduire.

 

Objectifs spécifiques :

- Caractériser le lien entre environnement social et incidence des cancers pour chaque localisation cancéreuse

- Identifier pour les localisations cancéreuses les plus fréquentes les étapes clefs (dépistage, diagnostic, traitement, suivi, réinsertions) de la construction des inégalités sociales

- Evaluer dans des essais d’intervention l’intérêt de certaines organisations des soins ou de certains dispositifs dans la réduction des inégalités sociales.

- Construire un indice européen transculturel de déprivation sociale.

- Développer les outils statistiques spécifiques à l’étude des inégalités sociales en cancérologie.

 

Les méthodes et les collaborations mises en place sont très variées et utilisent l’ensemble des outils de l’épidémiologie descriptive, analytique et d’intervention.

La création de l’indice européen s’appuiera sur la méthodologie spécifique déjà utilisée pour la version française de l’indice déjà publié et sur les collaborations construites dans l’étude EPPAC et consolidées dans le projet COST (coordinatrice : C Pornet)

Cet indice européen et sa version française sera utilisé pour apprécier l’environnement social dans toutes les études conduites en population générale et utilisant des données individuelles renseignant sur l’adresse de l’individu grâce à l’utilisation des techniques de géocodage de la plate-forme méthodologique pour l’étude des inégalités sociales (financement Ligue Nationale de Lutte contre le Cancer).

Les études sur l’incidence des cancers, la prise en charge en charge et la survie des patients atteints de cancer utiliseront les données des registres de cancer français et européens.  L’apport des registres de cancer français et européens dans ces études est essentiel car il assure la représentativité des échantillons étudiés, la disponibilité de données longitudinales de la découverte du cancer aux dernières nouvelles du patient, la comparabilité des données entre régions et entre pays et l’identification précise et fiable de la filière de soins.

Enfin, notre équipe souhaite développer des essais d’intervention de prévention primaire et secondaire en population générale. Ces essais sont des essais randomisés (randomisation collective). Une étude d’intervention randomisée visant à réduire les inégalités sociales dans le dépistage du cancer colorectal est actuellement en cours dans les 3 départements de Picardie. Cet essai « PRADO » vise à évaluer l’effet d’un accompagnement personnalisé auprès des populations fragiles (principe inspiré des « Patients Navigators » américains), le bras « intervention » ayant un effectif de 150.000 personnes.