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SISTER : Sein Inégalités Sociales et TERritoriales

Coordinateur : Elodie Guillaume

Introduction : Les études d’épidémiologie descriptives montrent que la survie des personnes atteintes de cancer est systématiquement moins bonne chez les personnes vivant dans un environnement social défavorisé. Les mécanismes à l’origine de cette inégalité de survie sont multiples et opèrent à toutes les étapes de l’histoire médicale de la maladie. Pour autant, s’agissant des cancers dépistables, la plus grande partie du gradient social de survie se construit à l’étape de la découverte de la maladie et en particulier lors du dépistage. Il est désormais établit qu’il existe une double inégalité en matière de dépistage du cancer du sein, inégalité sociale (les populations défavorisées participant moins fréquemment) et inégalité territoriale (les populations les plus éloignées des cabinets de radiologie participant moins fréquemment). Les modalités d’organisation du dépistage permettant de réduire les inégalités sociales et territoriales ne sont actuellement pas identifiées laissant les décideurs en santé publique dans l’incapacité de fonder des interventions sur des éléments probants. Néanmoins des actions locales sont déjà menées sur divers territoires avec des niveaux d’évaluation variables. Parmi les interventions possibles, l’intérêt de l’utilisation d’un cabinet de mammographie ambulant : le mammobile, évalué dans le département de l’Orne a la capacité d’effacer dans certaines conditions les inégalités sociales et territoriales. Néanmoins l’efficacité d’une intervention, quelle qu’elle soit, dépend du contexte géographique, social, culturel, dans lequel il est mis en place. Ainsi, la connaissance détaillée des inégalités sociales et territoriales de participation des femmes au dispositif actuel du dépistage organisé du cancer du sein et l’analyse de leurs interactions avec les caractéristiques contextuelles est indispensable à la mise en place d’une politique nationale raisonnée de réduction des inégalités sociales et territoriales de participation au dépistage du cancer du sein.-

Objectifs : Le projet SISTER a pour objectif d’analyser rétrospectivement les inégalités sociales et territoriales de participation de femmes invitées au dépistage organisé du cancer du sein entre le 1er Janvier 2013 et le 31 décembre 2014 ainsi que les interactions avec les caractéristiques contextuelles des départements. Cette étude constitue un préalable indispensable à la mise en place d’un éventuel essai prospectif évaluant l’intérêt du mammobile dans la réduction de ces inégalités qui devrait permettre d’éclairer les décideurs sur les conditions d’une éventuelle intégration de mammobiles dans le programme national de dépistage à partir de propositions fondées émanant d’acteurs de l’ensemble du territoire national.
Cette étude devrait permettre de disposer d’une photographie précise et représentative des inégalités territoriales de participation au dépistage du cancer du sein à son niveau géographique le plus fin (IRIS pour Ilôts Regroupés pour l’Information Statistique) pour une quarantaine de départements français. Il devrait permettre de connaître l’influence respective du niveau socioéconomique, de l’enclavement géographique et de la distance par rapport au cabinet de radiologie agréé le plus proche sur la participation au dépistage organisé.

Méthodes : Un échantillon d’environ 450 000 femmes ayant été invitée au dépistage du cancer du sein sera constitué, en collaboration avec les 40 structures départementales de dépistage volontaires couvrant 43 départements. Grâce à la disponibilité de l’adresse dans les fichiers de données des structures de dépistage, toutes les données seront géolocalisées et géocodées par la Plateforme Méthodologique Nationale pour l’Etude et la Réduction des Inégalités Sociales en Cancérologies (plateforme labellisée Ligue Nationale Contre le Cancer). Nous disposons au sein de la plateforme Map In Med d’un indice de défavorisation sociale agrégé (European Deprivation Index) calculé à l’IRIS (Ilots Regroupés pour l’Information Statistique). De plus un recensement exhaustif et le géocodage des cabinets de radiologie agrées sera réalisé dans chaque départements concernés par l’étude et les départements contigus. Une distance (et un temps) « réseau » au cabinet de radiologie agréé le plus proche sera ainsi calculée pour toutes les femmes de l’échantillon. L’analyse statistique par modèles multiniveaux prenant en compte la hiérarchisation des données (modèles de régression logistique) permettra de mesurer l’influence respective sur la participation au dépistage, du niveau de défavorisation sociale, de l’enclavement géographique ainsi que de la distance par rapport au centre de radiologie agréé le plus proche. La largesse des effectifs de l’échantillon et la diversité des départements inclus permettra de modéliser la variation de ces inégalités sociales et territoriales en fonction de divers éléments de contexte (milieu urbain, milieu, rural, milieu montagneux, offres de soins, …..).

Etapes du projet :
Septembre 2017 – Décembre 2017 : Constitution de l’échantillon
Janvier 2018 – Décembre 2018 : Géolocalisation et géocodage des données
Janvier 2019 – Mai 2019 : Analyse des données et interprétation des résultats
Juin 2019 – Septembre 2019 : Rédaction des publications et du rapport scientifique.

Résultats : Inclusion en cours

Collaboration : L’ensemble des 40 structures de dépistage volontaires pour l’étude à savoir : ADCA 84, ADCCO (19), ADEC 29, ADECA 54, ADECA 81, ADECA Franche-Comté (25, 39, 70, 90), ADECAM (56), ADEMA 80, Adémas-69, ADéMAS 71, ADMC 91, ADOC 23, ADPS Dépistage 51, AGDOC (973), AGWADEC (971), AIDEC (89), AMODEMACES (57), AMREC (972), APREMAS (06), ARDOC (63), CCDC 37, CDC 93, Association DECAD’E (27), DEPISTAGES66, DOC Savoie (73), DOCVIE 86, Association EMMA (76), GIP 82, Association IRIS (50), LUCIDE 17, Association MATHILDE (14), ODLC 01, ODLC 38, OPALINE 62, AISNE PREVENTIS (02), PSVO (95), PYRADEC (64), SDDC 87, SGDC 47 et Centre VITALIS (24).

Financeur : Institut National du Cancer (InCA)